Les ouvrages d'art en Wallonie
Question écrite à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
De par son relief vallonné, la Wallonie est parsemée d'ouvrages d'art permettant le déploiement de son réseau routier. Les 5 000 ponts existants datent, pour la majorité, d'une quarantaine d'années et arrivent donc à la moitié de leur vie, estimée à 80 ans. Le SPW effectue un monitoring constant de l'ensemble de ces ponts et ils sont ensuite classés de A à F en fonction de leur état.
On le sait, les structures souffrent des infiltrations d'eau, des conditions climatiques, de l'importance du trafic ou encore de l'impact des points de jonction, les joints entre les sections du sol et celles des tabliers constituent un point important de friction.
Sous le prédécesseur de Monsieur le Ministre, le Ministre Prévot, un budget de 46 millions a été dégagé dans le cadre du Plan infrastructures afin de réaliser des réparations sur 16 ponts. Monsieur le Ministre a, par ailleurs, indiqué, suite aux tragiques événements de Gênes, que le futur Plan infrastructures 2020-2024 poursuivrait, voire amplifierait, les efforts dédiés à l'entretien des ponts.
Son prédécesseur indiquait en février 2016 que 41 ponts nécessitaient une réparation en priorité. Peut-il faire le point sur les travaux concernant ces ponts ?
Dans le cadre du futur Plan infrastructures 2020-2024, une réflexion sera-t-elle menée sur le remplacement progressif des ouvrages d'art afin d'éviter de devoir en remplacer un grand nombre dans un laps de temps très court lorsque ceux-ci arriveront en fin de vie ?
Pour ce qui concerne le choix des techniques de joints entre les sections, des évaluations sont-elles réalisées ?
Il semblerait qu'à l'étranger d'autres choix plus efficaces et durables sont réalisés. Une comparaison entre nos techniques et les techniques étrangères est-elle réalisée ?
Le cas échéant, quelles en sont les conclusions et recommandations ?
Réponse
Sur les infrastructures gérées par la Région wallonne, on dénombre
5 144 ouvrages d'art de types ponts, viaducs, tunnels, passerelles et
murs de soutènement.
Leur surveillance est réalisée
conformément au règlement de gestion des ouvrages d'art qui définit six
groupes de santé. Deux types d'inspections (A et B) sont prévues. Les
inspections A, dont la périodicité est définie dans le règlement de
gestion, sont réalisées par les directions territoriales (sept à la
Direction générale des routes et six à la Direction générale des voies
hydrauliques) du Service public de Wallonie. Les inspections B, plus
spécialisées, sont menées par la direction de l'expertise des ouvrages.
Toutes les inspections sont supervisées par la direction des conceptions
et des calculs de la Direction générale des routes. Certaines
inspections A sont occasionnellement confiées à des bureaux d'études. Ce
sont donc plusieurs dizaines de personnes qui sont chargées globalement
de l'inspection des ouvrages.
Chaque année, ce sont près de
900 inspections A et B qui sont réalisées. Chacune d'elles fait l'objet
d'un rapport, qui permet de définir des actions visant à remédier aux
désordres constatés. Notons qu'il n'est pas exact de parler de
conformité ou de non-conformité en ce qui concerne l'expertise d'un
ouvrage d'existant. Les inspections vont relever un certain nombre de
défauts, qui peuvent être le résultat de problèmes de conception, de
réalisation ou de dégradation sous l'action des sollicitations du trafic
et de l'environnement. Les actions à entreprendre consistent soit en
des opérations d'entretien à mener par le personnel du Service public de
Wallonie ou par des entreprises privées via des procédures de marchés
publics, soit en des projets de réhabilitation qui vont nécessiter des
études spécifiques et la passation de marchés publics pour la
réalisation de travaux de plus grande ampleur.
Du point de vue
budgétaire, en reprenant les moyens du Plan Infrastructures 2016-2019 et
les moyens complémentaires annuels, l'enveloppe disponible pour
permettre l'entretien et la réhabilitation des ouvrages d'art du réseau
structurant et non structurant avoisine les 200 millions d'euros.Ces
moyens sont répartis par les spécialistes de l'administration et de la
SOFICO qui sélectionnent les ouvrages nécessitant des opérations
d'entretien (afin d'éviter un développement de dégradations plus
importantes) ou de réhabilitation.
De très nombreux projets, tant
d'entretien que de réhabilitation, sont en cours ou projetés et
concernent des travaux d'ampleurs diverses.
On peut citer les
plus représentatifs, pour lesquels des travaux d'un montant supérieur à
1 000 000 d'euros sont à l'étude ou envisagés dans les 12 mois à venir:
Ponts du réseau des Voies hydrauliques :
Pont Route à Gouy lez Piéton ;
Pont Notre Dame à Tournai ;
Passerelle Piétons à Obourg ;
Pont-route d'Hermalle sous Argenteau ;
Pont Barrage de Monsin ;
Pont Rue Général de Gaulle à Péruwelz ;
Passerelle de l'Arche à Tournai.
Ponts du réseau routier et autoroutier :
Viaduc de Somme-Leuze ;
Viaduc de Yves-Gomezée ;
Pont Collard à Namur ;
Pont Capitte à La Louvière ;
Pont 142 sur l'Escaut à Froyennes ;
Pont du Festu à Leuze-en-Hainaut ;
Pont 9 à Braine-L'Alleud ;
Viaduc de Huccorgne ;
Pont de Fétinne ;
Viaduc de Lambermont ;
Pont S23 à Wavre ;
Optimisation de l'échangeur n°5 Bierges.
Outre
ces importants travaux, ce sont aussi des dizaines de ponts qui vont
faire l'objet de travaux de plus petite importance et d'opérations de
maintenance.
La notion d'obsolescence est difficilement
applicable en gestion d'ouvrages d'art. En effet, même si une durée de
vie est prévue à la conception d'un ouvrage, au terme de celle-ci,
l'ouvrage n'est pas nécessairement démoli et remplacé. L'ouvrage peut en
effet subir une réhabilitation et voir sa durée de vie prolongée en
toute sécurité. De même, il arrive, dans certains cas, que des désordres
imprévus imposent de réhabiliter ou de remplacer un ouvrage avant la
fin de sa durée de vie initiale.
Les travaux de réhabilitation
sont réalisés sur les ponts d'indice de santé A, mais aussi sur ceux
d'autres groupes de santé. En effet, il est souvent pertinent
d'intervenir rapidement afin d'éviter qu'un défaut ne prenne de
l'ampleur.
Plus spécifiquement, les ponts actuellement classés en groupe de santé A se répartissent comme suit :
Chantiers terminés (16). Le groupe de santé de ces ouvrages doit être réévalué en fonction de l'inspection de contrôle qui dictera leur reclassement.
Chantiers en cours (4) ;
Chantiers prévus en 2018 (1) ;
Dossiers en cours d'étude (8) ;
Dossiers à réaliser (10).
La
dangerosité des défauts est évaluée en fonction de leur impact sur la
stabilité de l'ouvrage et/ou sur la sécurité des usagers.
Les
plaintes des usagers ayant subi des dégâts sur leur véhicule en passant
sur un pont sont très faibles en regard de celles sur le reste du réseau
routier.