La réforme du secteur hospitalier
Question écrite
Le 20 juillet 2017, le Gouvernement wallon a approuvé l'arrêté portant
exécution du décret du 9 mars 2017 relatif au prix d'hébergement et au
financement de certains appareillages des services médicotechniques
lourds en hôpital.
Cet arrêté, qui permet d'exécuter le nouveau
mécanisme de soutien au financement des infrastructures hospitalières,
prévoit en son article 13 que « le Ministre appelle par arrêté
ministériel les hôpitaux à introduire leurs demandes dans le plan de
construction ». Il me revient que cet appel devrait être lancé dans les
prochains mois.
Parallèlement, la Ministre fédérale de la Santé
publique annonce une réforme du secteur hospitalier, via le renforcement
des collaborations juridiquement formalisées entre hôpitaux. Il est
question à ce niveau de réseaux cliniques hospitaliers. Les contours de
cette réforme et son impact sont toutefois encore difficiles à cerner,
mais il est question de concentrer certaines activités spécialisées dans
un nombre plus restreint d'hôpitaux qu'aujourd'hui.
Compte tenu de ces éléments, je souhaiterais vous poser deux questions :
- quand sera lancé l'appel à projets pour l'introduction par les hôpitaux de leurs demandes dans le premier plan de construction organisé par le nouveau mécanisme ?
- quelle est la vision de Madame la Ministre par rapport à la réforme de la Ministre fédérale de la santé publique, notamment en regard du Plan de construction, et d'une éventuelle concentration des moyens ?
Réponse
L'honorable membre me pose deux questions, l'une sur l'appel à projets à
lancer dans le cadre du nouveau plan de construction hospitalier,
l'autre sur la réforme en discussion au fédéral en ce qui concerne la
mise en réseau des soins hospitaliers.
L'appel à projets pour le
plan de construction des institutions hospitalières devrait être lancé
dans les prochaines semaines. Il prendra la forme d'une circulaire et de
deux arrêtés ministériels. La circulaire portera sur les modalités
d'introduction des demandes. Quant aux arrêtés, le premier portera sur
les délais d'introduction des demandes, et le second apportera certaines
précisions relatives aux obligations reprises dans l'arrêté.
Par
rapport à la réforme de la Ministre fédérale, mon cabinet participe aux
réunions du groupe de travail « hôpitaux » de la Conférence
interministérielle santé publique. Ce groupe de travail se penche
notamment sur la question des réseaux hospitaliers cliniques
locorégionaux et suprarégionaux.
Il s'agit d'une réforme
ambitieuse puisque la proposition de l'État fédéral porte sur la mise en
réseau des hôpitaux au sein de 25 réseaux locorégionaux.
Dans
un premier temps, il importe de rappeler que la compétence sur les
hôpitaux relève encore majoritairement de l'État fédéral. C'est donc la
Ministre fédérale de la Santé qui est à l'initiative et à la manœuvre
pour mettre en œuvre cette réforme. L'État fédéral est en effet
compétent pour le financement de l'hôpital, à l'exception des
infrastructures hospitalières, pour la définition des caractéristiques
de base de l'hôpital (normes de base) et pour la programmation
nationale, sans oublier ce qui relève de l'Institut national d'assurance
maladie-invalidité (citons par exemple le remboursement des
médicaments, les dispositifs médicaux, ou encore les honoraires
médicaux).
Les entités fédérées sont pour leur part compétentes
pour l'agrément des hôpitaux (vérification des normes au sens large),
pour la définition des normes auxquelles les hôpitaux doivent répondre
(compte tenu des caractéristiques de base et moyennant un avis favorable
de la Cour des comptes) et pour le financement des infrastructures
hospitalières.
L'honorable membre le comprend aisément, les
compétences en question sont en grande partie partagées entre l'État
fédéral et les entités fédérées concernées, avec une responsabilité plus
importante de l'État fédéral, raison pour laquelle j'estime que la
question d'un éventuel accord de coopération se pose.
En outre,
l'attention de la Ministre de la Santé fédérale a été attirée à
plusieurs reprises ces derniers mois sur plusieurs éléments fondamentaux
qui me posent question, notamment :
- la nécessité de respecter la liberté associative et l'autonomie communale ; il ne peut s'agir de contraindre les hôpitaux actuels à effectuer un transfert de la totalité de leurs activités dans 25 mégastructures hospitalières qui leur succéderaient purement et simplement dans l'ensemble de leurs droits et obligations;
- le respect de la répartition des compétences voulues par la loi spéciale de transfert de compétences, notamment en ce qui concerne les notions de « caractéristique de base » et de « norme », et en rappelant que l'organisation des soins sur le territoire d'une entité fédérée relève de cette entité;
- le nombre de réseaux, fixé à 25 par l'autorité fédérale pour l'ensemble de la Belgique, au sein duquel 9 réseaux seraient attribués à la Wallonie, nous interroge fortement tant sur l'accessibilité aux soins de santé que sur les contraintes qui se poseront sur le secteur ;
- l'impact sur les infrastructures hospitalières (tant passées que futures) ;
la question de la liberté tant thérapeutique que celle du choix du patient à ses soins de santé ; - et la question du timing.
Enfin,
le SPF Santé publique (administration fédérale) a organisé récemment
une concertation entre les administrations fonctionnelles concernées par
cette réforme. Pour ce qui concerne la Région wallonne, l'analyse de
l'AViQ rejoint globalement mon analyse. Elle insiste notamment sur le
timing, en ces termes :
« Au regard du timing prévu pour le
déroulement de la procédure législative et en particulier le délai du
1er avril 2018 pour la publication de la loi, il nous semble que ceci
laisse très peu de temps, tant aux hôpitaux qu'aux entités fédérées,
pour se conformer aux exigences requises. Pour une mise en place
efficace de la présente réforme, un timing plus adéquat devrait être
concerté. ».
En conclusion, je tiens ici à souligner que je
serai, en tant que Ministre de la Santé publique, toujours
particulièrement attentive à l'accessibilité tant financière que
géographique à des soins de santé de qualité pour l'ensemble de nos
concitoyens.
J'y serai attentive au niveau de la réforme des
soins hospitaliers, sur laquelle je n'ai pas l'initiative, que sur la
question des infrastructures hospitalières. Dans ce cadre, il sera
nécessaire d'évaluer également les demandes introduites par les hôpitaux
dans le cadre du plan de construction au regard de la population à
desservir, et à être particulièrement attentif à maintenir des soins de
base accessibles à l'ensemble de la population sur le territoire
régional par exemple, la distance et le temps d'accès.