La campagne "40 jours sans viande"

09/03/2017

Question écrite à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

Si en Flandre, la campagne « 40 jours sans viande » en est à sa 6e édition, elle est lancée pour la première fois en Wallonie cette année. L'année dernière à l'évocation de cette opération, Monsieur le Ministre avait déjà pu faire part de son agacement face à cette campagne de dénigrement de notre agriculture.
Si toutes les opinions peuvent être entendues et doivent être respectées, on demeure malgré tout abasourdi par les raccourcis énoncés par cette campagne. Afin de draper leur action d'une argumentation scientifique, les initiateurs font référence à des données de la FAO sur l'impact de l'élevage sur l'environnement. Mais le type d'agriculture pris comme référence de cette étude est au total opposé de notre modèle agricole. L'étude de la FAO prend pour référence la production industrielle de viande pratiquée aux États-Unis et en Amérique du Sud, bien éloignée des pratiques culturales de notre région.
Depuis l'annonce de cette campagne, l'ensemble des acteurs du monde agricole, dont lui-même, s'est mobilisé afin de dénoncer les contre-vérités de cette campagne et rappeler le travail de qualité de nos producteurs.
Notre région s'est dotée d'un centre d'information sur la viande.
Peut-il faire le bilan de son action ?
Ne conviendrait-il pas de communiquer plus largement sur les apports positifs de la consommation raisonnée de viande, notamment à l'attention des publics les plus sensibles à la désinformation véhiculée par ces campagnes, je pense, notamment aux adolescents ?
En parallèle, une campagne d'information sur les techniques de production pratiquées en Wallonie ne pourrait-elle organiser à l'attention du grand public ?
Ne conviendrait-il pas de lancer une grande opération annuelle en faveur de nos productions locales ? Plus tôt que 40 jours sans viande ne pourrions-nous promouvoir, comme d'aucuns l'ont proposé, une action 40 jours d'achats de produits locaux ?

Réponse

Je partage évidemment les inquiétudes et les constats de l'honorable membre. La question de la viande bovine en Wallonie a plusieurs visages : un visage politique tout d'abord, avec une Politique agricole commune (PAC) dont les perspectives d'évolution conditionnent la rentabilité de nos élevages.
Depuis une vingtaine d'années, les réformes successives affichent une tendance au découplage des aides directes. Vu l'importance du secteur de l'élevage dans l'économie agricole wallonne et vu l'importance des aides dans la formation du revenu des éleveurs de ruminants, la Wallonie a toujours défendu fermement le maintien du couplage dans la nouvelle PAC en vigueur depuis 2014. C'est ainsi que nous avons présenté un plan avec le taux de couplage le plus élevé en Europe (21,3 % du total des aides), plan sur lequel, après beaucoup de négociations, la Commission européenne a marqué son accord en mars 2015. J'ai poursuivi sur cette question dans la ligne de mon prédécesseur parce que le découplage ne tient pas compte de la production et donc de la dimension économique réelle du secteur.
Ces dernières semaines, le secteur de la viande a subi des agressions de plein fouet, mais a également bénéficié d'un soutien de centaines de personnes qui n'ont pas accepté les propos simplistes liés à la campagne : 40 jours sans viande.
Je l'ai déjà affirmé, ces campagnes mensongères nuisent à notre secteur qui s'en passerait bien.
Une campagne de 40 jours sans viande, c'est un dénigrement de nos producteurs, alors même que nos éleveurs sont justement les gages d'une production de qualité et respectueuse de l'environnement.
Le Collège des producteurs a réagi par la sortie d'un communiqué de presse basé sur les données validées par la Cellule d'information sur la viande et par la production d'une courte capsule vidéo qui illustre ces propos.
Je rappelle que les 2 cellules d'information (Lait et Viande) lancées en avril 2016 ont pour objet la mise en place de stratégies et d'outils de communication proactifs et réactifs sur les sujets qui font l'objet de controverses sociétales dans ces secteurs. Près de 80 acteurs scientifiques et représentants des filières composent ces cellules afin de fournir des informations objectives aux prescripteurs d'information et au grand public.
L'année 2016 a été consacrée à la mise en place des initiatives. Dans ce cadre, 61 articles ont été rédigés avec les scientifiques associés et 2 sites internet ont été développés. Des partenariats spécifiques ont également été développés avec l'Agence wallonne pour la promotion d'une agriculture de qualité (APAQ-W) et le CIV français pour coopérer à la construction et à la diffusion d'informations. 283 personnes se sont abonnées aux newsletters et la fréquentation des sites est en moyenne de 260 consultations/mois pour le CIV et de 198 pour le CIL.
L'APAQ-W quant à elle a réagi en tant que service public de promotion pour soutenir ce secteur, en collaboration notamment avec le pôle de compétitivité WAGRALIM, mais également la Fédération Horeca, la Fédération des boucheries, les grandes et moyennes surfaces.
En réaction à l'action 40 jours sans viande, j'ai décidé de lancer avec l'APAQ-W une campagne de « 40 jours, 40 menus locaux » que j'ai eu le plaisir de présenter ce vendredi lors d'une conférence de presse.
L'important est de sortir de cette dualité qui oppose des aliments qui sont résolument complémentaires et de sensibiliser nos consommateurs à la qualité de nos produits.
Début de mois de mai, une autre action sera également mise en place par l'APAQ-W afin de replacer la viande bovine dans nos assiettes : la Quinzaine du bœuf.