L’impact du Brexit pour l’agriculture wallonne

27/03/2017

Question écrite à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

D'ici la fin de ce mois, le Gouvernement britannique doit, suite aux résultats du référendum du 23 juin 2016, enclencher la procédure de retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne. Ce grand saut dans l'inconnu engendrera de nombreuses conséquences, notamment dans le domaine agricole.
En Flandre, de nombreux producteurs de Flandre-Occidentale ont fait part de leurs craintes liées aux conséquences de ce Brexit (baisse de la livre sterling, pertes de marchés,...).
Par ailleurs, j'ai pu entendre, lors de l'assemblée annuelle d'un syndicat agricole, un intervenant évoquer la perte d'un montant de 7 milliards d'euros pour le budget de la PAC, le Royaume-Uni étant un contributeur net, et un impact direct du Brexit estimé, en France, à 1.000 euros d'aides directes par exploitation.
En juillet dernier, le Gouvernement annonçait la création d'un groupe de travail Brexit, celui-ci a-t-il pu se pencher sur l'impact du Brexit pour le secteur agricole wallon ?
En juillet dernier, lors de notre débat en plénière à la suite du Brexit, Monsieur le Ministre indiquait que la balance commerciale agricole de la Wallonie est positive en ce qui concerne le Royaume-Uni, mais que ce dernier est un petit partenaire commercial agricole. Confirme-t-il le peu d'expositions pour nos exportations ?
Quels sont les secteurs de notre agriculture qui seraient potentiellement les plus impactés par le Brexit ?
Une estimation des conséquences du Brexit sur le budget de la PAC a-t-elle déjà été réalisée ?
Dans l'affirmative, quel serait l'impact sur les aides directes pour nos producteurs ?

Réponse

Ce n'est que lorsque le Royaume-Uni aura notifié son intention de se retirer que le Conseil européen adoptera des orientations définissant le cadre des négociations. Ensuite, le Conseil Affaires générales décidera d'autoriser l'ouverture des négociations.
Au niveau belge, le SPF Affaires étrangères a organisé une série de réunions sectorielles en vue de dresser un premier inventaire des questions à régler et de nos intérêts.
Compte tenu du mandat donné par le Comité de Concertation, ce même SPF organise une nouvelle série de réunions sectorielles afin de :
approfondir l'analyse de l'impact possible pour notre pays (y inclus dans le cas d'une sortie du marché intérieur/de l'union douanière par le Royaume-Uni)
identifier nos intérêts offensifs et défensifs
rassembler les questions auxquelles des réponses devront être trouvées lors du processus de négociations.
En matière budgétaire, sans le Royaume-Uni, contributeur net, le budget annuel de l'Union européenne serait amputé de 14 milliards d'Euros (-10,6 %), tandis que ses dépenses ne diminueraient que de 7 milliards (-4,9 %) (chiffres 2014).
Dans le cas d'un scénario d'économies, il est peu vraisemblable que les deux plus gros budgets de l'Union, c'est-à-dire la PAC et les fonds structurels ne soient pas impactés, y compris le cas échéant dans l'actuelle période de programmation. Notre priorité devrait aller au respect et à la poursuite des engagements britanniques actuels dans la programmation 2014-2020.
Depuis le premier examen par le Gouvernement wallon en juillet 2016, un groupe de travail, présidé par l'AWEx et le Conseil de l'industrie, a été constitué au niveau de la Wallonie avec en sus un point focal à la Délégation générale Wallonie-Bruxelles auprès de l'Union européenne.
Concernant l'agriculture,par rapport aux données sectorielles communiquées pendant l'été, nous ne pouvons qu'actualiser les données extraites de la base de données de la Banque Nationale.
Il en ressort que toutes destinations ou origines confondues, nos importations et exportations agricoles ont poursuivi en valeur leur croissance au cours de la période 2009-2013.
Pour les cultures et productions animales, chasse et services annexes, les importations sont passées de 33,8 millions d'euros en 2009 à 55,8 millions d'euros en 2013 et les exportations de 48,4 millions d'euros en 2009 à 72,5 millions d'euros en 2013.
Pour les industries alimentaires, fabrication de boissons et produits à base de tabac, les importations sont passées de 1.519 millions d'euros en 2009 à 1.916 millions d'euros en 2013 et les exportations de 2.928 millions d'euros en 2009 à 3.762 millions d'euros en 2013.