L’évaluation des Instances Bassins Enseignement qualifiant-Formation-Emploi
Question écrite à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation
Les
instances bassins Enseignement qualifiant Formation-Emploi ont été
mises en place sur la base d'un accord de coopération du 20 mars 2014
conclu par la Wallonie, la Fédération WB et la Commission communautaire
française, dûment validé par l'adoption d'un décret d'assentiment dans
chacune de ces entités.
Les dix bassins ainsi constitués ont pour
objectifs de renforcer les synergies en matière de formation, d'emploi
et d'enseignement, et de contribuer à une cohérence optimale de l'offre
avec les besoins socio-économiques identifiés. Ce rôle est très
important ; il ne se passe pas de semaine sans que l'on ne mette le
doigt sur les inadéquations entre les qualifications de la main-d'œuvre
disponible et les profils recherchés.
De manière générale, ces instances bassins EFE ont-elles atteint leur vitesse de croisière ?
Leurs activités font-elles ou feront-elles l'objet d'une évaluation ?
Si oui, de quelle manière et selon quel calendrier ?
Leurs avis et recommandations sont-ils suivis d'effets ?
Ont-ils donné lieu à la reconfiguration des offres de formation ou d'enseignement en fonction des besoins objectivés ?
Des formations nouvelles ont-elles été mises sur pied et d'autres, moins porteuses, ont-elles été abandonnées ?
Des exemples illustrants peuvent-ils être fournis ?
Les acteurs concernés s'investissent-ils de manière satisfaisante dans la démarche ?
Je
pense évidemment à la difficulté de mettre sur la même longueur d'onde
le monde de l'enseignement et de la formation professionnelle.
Dans
le rapport 2016, le président du bassin Hainaut Centre déplore le
respect insuffisant des obligations de chacun en matière de fourniture
de données. Par ailleurs, il regrette l'absence de représentants de
l'enseignement supérieur et universitaire dans les débats des Instances
Bassin EFE. Ces regrets semblent-ils fondés aux yeux de Madame la
Ministre ?
Réponse
Conformément à l'accord de coopération du 20 mars 2014, les Instances
Bassins Enseignement qualifiant - Formation et Emploi (IBEFE) ont été
mises en place au premier trimestre 2015 et la toute première assemblée
des Instances s'est tenue le 5 juin 2015, il y a donc à peine 2 ans.
Tenant
compte de l'ampleur des missions confiées à ces Instances, mais aussi
des difficultés relevées lors de la réalisation de ces missions (manque
de données de référence, non-correspondance des nomenclatures...) et
surtout de la multitude des acteurs issus de mondes différents impliqués
dans la dynamique, force est de constater qu'il est prématuré de dire
que le dispositif a atteint sa pleine vitesse de croisière.
Toutefois, la construction, la consolidation et la dynamique de développement des IBEFE sont bien lancées.
Ces deux premières années ont notamment été consacrées,
d'une
part, à construire la confiance et le dialogue entre acteurs locaux,
étape indispensable pour la mise en œuvre d'un dispositif qui repose
avant tout sur la concertation et la collaboration des parties
prenantes,
d'autre part, à mettre en place les circuits de collecte
et de circulation des informations nécessaires à la réalisation des
rapports servant de base à la concertation, à la remise d'avis et à la
prise de décision.
Durant toute la phase de démarrage du
dispositif, les IBEFE sont restées concentrées sur la réalisation
effective des missions qui leur sont confiées et, en particulier, le
rapport analytique et prospectif annuel qui constitue le socle commun
d'informations reprenant l'ensemble des données disponibles en matière
d'emploi/formation/enseignement, intégrant en outre des aspects tels que
la démographie, la mobilité, la prospective métiers... C'est sur cette
base que les Instances déterminent annuellement, après concertation
entre les acteurs locaux, les thématiques communes prioritaires, à
savoir les métiers prioritaires pour l'ouverture de nouvelles filières
de formation ou d'enseignement qualifiant.
En décembre 2015, les dix Instances ont ainsi produit un premier rapport test, accompagné de recommandations.
Ces
travaux ont été approfondis et confrontés aux acteurs lors de tables
rondes sectorielles pour aboutir, en décembre 2016, à un second rapport
accompagné de recommandations, plus précises, à l'attention des acteurs
de l'enseignement et de la formation.
Parallèlement, les
Instances œuvrent à la réalisation des autres missions confiées par
l'accord de coopération, telles que la mise en place de Pôles de
synergies, la remise d'avis dans le cadre de différents dispositifs
(agrément CISP, alternance, appels à projets FOREm, ...), les plans de
redéploiement et la gestion des incitants pour l'ouverture, la fusion ou
la fermeture d'options (au niveau de la Chambre Enseignement).
En
conclusion, les Instances travaillent de manière constructive et
produisent des recommandations dont les acteurs de l'enseignement et de
la formation professionnelle se saisissent pour adapter leur offre.
Conformément
au prescrit de l'accord de coopération relatif aux IBEFE, une première
évaluation, actuellement en cours de réalisation, portera sur la mise en
œuvre du dispositif.
Celle-ci, pilotée par l'Assemblée des
Instances Bassins, se base sur les rapports d'activités des différentes
Instances, les apports de l'Institut Wallon d'Études, de Prospective et
de Statistiques (IWEPS) et de l'Institut bruxellois de Statistiques et
d'Analyses (IBSA) ainsi que sur les analyses des Conseils économiques et
sociaux wallon et bruxellois.
Cette évaluation assortie de
recommandations devrait être disponible au second semestre 2017 et sera
communiquée aux Gouvernements et à l'ensemble des acteurs concernés.
Pour
ce qui est des effets des recommandations, il faut rappeler que, sur la
base de l'accord de coopération instituant les Bassins EFE, les travaux
des Instances Bassins EFE impactent l'ouverture de nouvelles filières
de formation et d'enseignement, avec une contrainte qui s'exerce
désormais aussi au niveau de l'enseignement qualifiant.
Pour
soutenir cette nouvelle dynamique au niveau de l'enseignement, les
Chambres Enseignement des IBEFE disposent d'incitants financiers pour
encourager la création de filières de formation correspondant aux
secteurs et métiers prioritaires identifiés par les Instances Bassins
EFE.
Ainsi, pour citer des exemples concrets au niveau de
l'Instance Bassin EFE Hainaut-Centre, 7 nouvelles filières de formation
devraient ouvrir, en septembre prochain, avec le soutien de la Chambre
Enseignement et en lien avec les recommandations de l'IBEFE (Opérateur
de production et Techniciens des industries agroalimentaires,
Couvreur-étancheur, Complément de soudage sur tôles et sur tubes,
Dessinateur DAO Construction et Boulanger-Pâtissier).
Il faut
cependant souligner que l'ouverture d'une filière est parfois postposée
en raison de paramètres extérieurs dont, notamment, un nombre d'élèves
insuffisant.
Ce constat, lié aux difficultés d'alimentation en
candidats des filières porteuses, justifie l'attention à porter aux
actions d'orientation et de revalorisation de certains métiers à
développer auprès des jeunes. Il s'agit là d'un axe de travail
transversal et prioritaire à l'ensemble des Instances Bassins EFE.
L'Instance Bassin EFE Hainaut-Centre développe par exemple une action de
valorisation des métiers techniques et des filières qualifiantes qui y
conduisent à destination, principalement, des élèves de fin de primaire
et de début du secondaire. Diverses activités de découvertes et de
pratiques des métiers sont ainsi organisées dans des Centres de
formation professionnelle, les centres de compétence, les centres de
technologies avancées, les établissements d'enseignement qualifiant et
les entreprises (+ de 2.000 participants en 2015/2016).
Cette
initiative s'appuie sur un partenariat large associant également les
réseaux d'enseignement, la Cité des métiers de Charleroi, des
groupements locaux d'entreprises ou encore le PASS.
Quant à
l'IBEFE de Namur, il est porteur du projet de création d'un « Pôle
namurois d'orientation et de formation tout au long de la vie »,
rassemblant, en un même lieu, tous les acteurs essentiels à la
dynamique.
En termes d'impact global du dispositif, il faut
souligner que 150 options rencontrant des priorités définies au niveau
des bassins ont été ouvertes dans l'enseignement qualifiant en
2016-2017, sous l'impulsion des Instances Bassins.
Les échos qui remontent des bassins en termes d'investissement des acteurs sont positifs.
Si
certaines difficultés ont dû être surmontées, notamment, en termes de
partage et d'harmonisation des données, de méconnaissance des
particularités du travail de chacun et des possibilités de synergies, il
y a une conscience partagée des enjeux.
Pour réaliser ses
missions, chaque Instance doit assurer, avec l'appui de l'IWEPS et de
l'IBSA, le recueil, la synthèse et le croisement des données disponibles
relatives aux besoins d'emploi ainsi qu'à l'offre d'enseignement
qualifiant et de formation professionnelle existante sur le territoire
du bassin. Pour ce faire, elle reçoit, selon les termes de l'accord de
coopération, le soutien, les analyses et les informations nécessaires
auprès des administrations et des opérateurs d'enseignement, de
formation et d'emploi.
Des efforts importants ont été entrepris
par de nombreuses administrations pour améliorer leurs bases de données
et harmoniser progressivement celles-ci, afin de répondre, au mieux, aux
demandes des bassins.
Les difficultés liées au partage des
données sont progressivement levées par le travail en commun mené par
les différents acteurs.
En appui et de manière collégiale,
j'ai, avec mes Collègues de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la
COCOF, adressé en juin 2016 un courrier commun à toutes les
administrations et opérateurs parties prenantes aux IBEFE, pour leur
rappeler les objectifs essentiels du dispositif et la nécessité de
transmettre leurs données de la manière la plus fluide et automatique
possible.
Enfin, la participation des représentants de
l'enseignement supérieur, dont l'enseignement universitaire, aux
Instances bassins a fait partie des débats lors de l'élaboration de
l'accord de coopération, mais n'a finalement pas été concrétisée vu la
mise en œuvre du Décret paysage. Cependant, l'art 14 de l'accord de
coopération permet explicitement des échanges et collaborations entre
les IBEFE et les Pôles académiques ainsi qu'entre l'ARES et l'Assemblée
des IBEFE. Les rapports des Instances sont communiqués aux Pôles
académiques qui informent, quant à eux, les Instances de toute nouvelle
formation ouverte sur leur territoire et peuvent solliciter leur avis.
Les
échanges et collaborations entre les Instances et l'Enseignement
supérieur se développeront certainement à l'avenir au travers des
projets de Pôles de synergie ou encore avec la création des structures
collectives d'enseignement supérieur en passe d'être agréées.