Boucle du Hainaut : où en est-on ?

31/08/2023

On fait le point sur la situation !

Une première décision a été prise le 19 mai 2023 même si elle n'est que provisoire. Le Ministre Willy BORSUS (MR) a en effet signé un « arrêté ministériel décidant de réviser les plans de secteur, d'adopter le projet de plan visant à inscrire un périmètre de réservation d'une infrastructure principale de transport d'énergie (ligne électrique à haute tension entre Mont-de-l'Enclus et Courcelles - projet dit « Boucle du Hainaut ») sur le territoire des communes de Mont-de-l'Enclus, Celles, Frasnes-lez-Anvaing, Leuze-enHainaut, Ath, Chièvres, Brugelette, Lens, Soignies, Braine-le-Comte, Ecaussinnes, Seneffe, Pont-à-Celles et Courcelles et de faire réaliser un rapport sur les incidences environnementales du projet de plan et d'en fixer le projet de contenu. »

Que contient cet arrêté ministériel ?

Il décide que le dossier d'ELIA est complet, que le tracé proposé par ELIA peut maintenant faire l'objet d'un rapport sur les incidences environnementales. Ce rapport sera réalisé par un Bureau d'études agréé et désigné par la Région. L'arrêté fixe les différents aspects et impacts qui devront être examinés : santé, biodiversité, immobilier, agriculture, patrimoine, tourisme,… Les arguments repris dans les 23.000 réclamations et les avis des conseils communaux devront être analysés.

L'alternative en courant continu de REVOLHT sera étudiée

Le groupement citoyen REVOLHT a proposé une alternative technologique au projet d'ELIA. La Boucle du Hainaut d'ELIA est en effet proposée en courant alternatif, ce qui a un double inconvénient : il faut des pylônes sur l'essentiel du parcours et le courant alternatif génère des ondes électromagnétiques (qui peuvent avoir un impact sur la santé et l'environnement). REVOLHT a proposé de travailler en courant continu, ce qui a le double avantage inverse : pas de champ électro-magnétique et une ligne sans pylône et 100% enterrée ! ELIA ne veut toutefois pas de cette proposition qu'elle juge plus coûteuse et plus difficile techniquement par rapport à son réseau existant.

Après quelques hésitations du côté du Gouvernement, l'arrêté ministériel a précisé la mission du Bureau d'étude : il devra examiner toutes les alternatives, y compris la proposition d'une ligne en courant continu 100% enterrée (proposition portée par REVOLHT). C'est positif !

Et pendant ce temps-là en Flandre…

Il y a quelques jours, le Gouvernement flamand a, lui aussi, décidé d'avancer sur la proposition d'ELIA pour la partie flamande de ce projet de ligne à très haute tension « Ventilus ». Mais le document soumis à l'enquête publique ne concerne qu'une ligne en courant alternatif et donc très largement aérienne…

Mon analyse de la situation

Le projet de ligne à très haute tension (380.000 V) porté par ELIA ne pourra pas utiliser deux technologies différentes, l'une sur le territoire wallon et l'autre sur le territoire flamand, c'est une évidence !

Le Ministre W. BORSUS déclaré qu'il souhaite que la solution en courant continu (proposition REVOLHT) soit vraiment examinée pour la rendre possible. C'est très bien, mais alors le Ministre et le Gouvernement wallon doivent contester MAINTENANT la décision flamande !

Des craintes pour la suite…

Dans quelques semaines ou mois, le Ministre BORSUS désignera le Bureau d'étude chargé de faire le rapport. Celui-ci analysera les 2 technologies (continu et alternatif). Il est probable que celui-ci conclura que la solution en courant continu est « théoriquement possible » mais impraticable puisque le Gouvernement flamand a choisi d'avancer sur le courant alternatif !

Pour sortir de l'impasse, le Gouvernement wallon PS-MR-Ecolo doit contester au plus vite la décision flamande. S'il ne le fait pas, il aura menti aux citoyens wallons en faisant croire qu'il reste ouvert à la solution du courant continu 100% enterré !

De façon plus cynique, j'ajouterai que les conclusions du Bureau d'étude tomberont après les prochaines élections de juin 2024.

Urgence à agir

Les autorités flamandes ont ouvert une enquête publique sur le projet Ventilus à partir de ce 29 août. Bien sûr, cela nécessitera une mobilisation et des réactions citoyennes des deux côtés de la frontière régionale. Le Gouvernement wallon doit également agir et s'opposer à ce projet qui nuit aux intérêts de très nombreux wallons en rendant impossible le choix du courant continu sur la Boucle du Hainaut qui est le prolongement de Ventilus !

Au-delà de l'enquête publique, Il existe une action pour ce type de situation : c'est la procédure de CONFLIT D'INTÉRÊT que le Gouvernement wallon peut actionner. Elle permet de suspendre une décision qui pénalise une autre région. Elle permet de forcer une discussion entre les régions et le Fédéral. J'interpellerai dès la prochaine rentrée parlementaire le Ministre W. BORSUS pour qu'il prépare sans tarder cette procédure à l'encontre de la décision flamande.